Dansomanie : critiques
: Giselle
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Giselle
2 février 2004, 19 h 30 : reprise de Giselle version Bart-Polyakov au Palais Garnier
Cent trente-sixième représentation et première d'une nouvelle longue série de Giselle dans la chorégraphie de Partrice Bart et Eugène Polyakov, qui, étonnamment, ne semble pas lasser des balletomanes toujours aussi enthousiastes. Le véritable mythe qui entoure ce ballet, mais aussi l'efficacité dramatique du livret et la qualité de la partition composée par Adolphe Adam y comptent assurément pour beaucoup. L'attrait majeur de cette soirée était évidemment la prise de rôle par Aurélie Dupont. L'étoile du Ballet de l'Opéra de Paris nous a gratifié d'une prestation de bon niveau, sans nous combler vraiment. Sa Giselle reste superficielle, naïve et ne parvient pas à faire naître d'émotion véritable, en dépit d'une technique pratiquement parfaite. Le public lui a toutefois réservé un accueil extrêmement chaleureux et a exigé plusieurs rappels. Nicolas Le Riche, décidément inusable, et qui, au train ou vont les choses, assurera bientôt une saison entière à lui tout seul, tenait le rôle du Prince en remplacement de Jean-Guillaume Bart initialement prévu. Albrecht n'est certes pas le personnage qui lui convient le mieux, et dans le premier acte, M. Le Riche avait un peu de mal à se sentir vraiment concerné. En revanche, le deuxième acte lui permettait beaucoup mieux d'exprimer ses qualités, avec une entrée et un premier pas de deux époustouflants de virtuosité et de dynamisme. Karl Paquette s'est avéré fort satisfaisant en Hilarion, dont il épouse parfaitement la personnalité, emprunte d'un romantisme tout germanique mis à la mode par le Freischütz de Weber, et qu'Adam, Coralli et Perrot connaissaient certainement... Mélanie Hurel et Benjamin Pech ont formé un couple très bien assorti dans le Pas de deux des vendangeurs, au premier acte. M. Pech s'est contenté d'un service minimum en ce qui concerne les entrechats et la petite batterie, mais il a su trouver un ton et un style justes. Mlle Hurel, même si elle s'avère parfois un peu sensible au trac, correspond exactement à ce qu'on peut attendre dans Giselle, tant au niveau de la morphologie générale que du port des bras et du buste. L'on peut espérer d'elle une jolie prestation dans le rôle-titre, qu'elle tiendra le 7 février prochain. Dans le corps de ballet, on aura surtout remarqué Sabrina Mallem, d'une présence rayonnante tout au long du premier acte. Mlle Mallem, que l'on n'attendait pas forcément à pareille fête dans le répertoire romantique, a fait honneur à son titre de coryphée acquis lors du dernier concours de promotion. Au nombre des individualités, il faut aussi signaler Juliane Mathis au I et Zsofia Parczen au II, d'excellentes danseuses trop souvent tenues dans l'ombre. En Wili, Muriel Hallé s'est également montrée convaincante, même si elle est généralement mieux à son affaire dans le répertoire contemporain. En revanche, Nathalie Aubin, déjà diminuée par la maladie, a été victime d'une chute - heureusement sans gravité -, apparemment provoquée par un fil défait dans la couture de son tutu. Il faut espérer que cette grande artiste soit rapidement rétablie, et qu'elle puisse donner à nouveau le meilleur d'elle-même. Chez les hommes, MM. Magnenet, Meyzindi et Thibault se sont comme d'accoutumée favorablement signalés, tandis que Christophe Duquenne est un peu sous-employé en Wilfried. Mais gardons le meilleur pour la fin : la merveilleuse Myrtha de Delphine Moussin, l'une des plus parfaites qu'il nous ait été donné de voir. Lors de son Apparition, ses menés et ses piétinés étaient d'une régularité si absolue qu'elle semblait glisser sans résistance à la surface du plateau. Quant à la variation qui suivait, l'on y chercherait en vain le plus petit défaut. Chapeau bas.
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