Dansomanie : critiques : fêtes de nuit
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De Versailles à Saint-Pétersbourg

23 août, 6 septembre 2003, 21 h 30 : Alexandra Cardinale et Julien Lestel aux "Fêtes de nuit" du château de Versailles.

 

 

Le spectacle donné dans le cadre des fêtes de nuits au château de Versailles ne donnerait pas lieu à commentaire ici, s’il n’avait été l’occasion d’apprécier Julien Lestel et Alexandra Cardinale dans le pas de deux du second acte du Lac des cygnes, principal intérêt de la soirée sur le plan chorégraphique. Julien Lestel, ancien danseur du Ballet de l’Opéra de Paris, exerce à présent ses talents à Marseille, chez Marie-Claude Pietragalla, tandis qu’Alexandra Cardinale est demeuré fidèle à la grande compagnie de la capitale. Les conditions techniques n’étaient évidemment pas celles d’une scène de théâtre et les danseurs ont eu du bien du mérite à se produire sur un podium flottant installé au milieu du bassin de Neptune, que l’humidité ambiante n’avait pas manqué de rendre glissant.

L’on oubliera aisément le rôle de pseudo-candides jouant les touristes chez Pierre le Grand et Louis XIV dans le quel les deux danseurs ont été confinés une grande partie du spectacle, accompagnés d’un commentaire lénifiant lu en voix «off» par Macha Méril et Patrick Béthune ; en revanche, l’extrait du ballet de Tchaïkovsky aura permis d’apprécier Alexandra Cardinale dans le personnage d’Odette, le cygne blanc, qu’elle n’a malheureusement pas [encore?] la possibilité d’interpréter à l’Opéra Bastille ou au Palais Garnier. Cet événement justifiait à lui seul que les balletomanes fassent le déplacement à Versailles.

Mademoiselle Cardinale est une danseuse pleine de charme et de talent, au jeu de jambes extrêmement propre et qui fait preuve de beaucoup de tonicité dans l’exécution des mouvements ; cette qualité était ici d’autant plus appréciable que le public était placé relativement loin des artistes – beaucoup plus que dans un théâtre en tout cas -, et l’ampleur et le dynamisme de la gestuelle de la ballerine permettaient d’apprécier la chorégraphie en dépit de cette distance pénalisante. Julien Lestel, en prince Siegfried , a fourni une réplique de qualité à sa partenaire. Habitué des rôles de soliste au Ballet national de Marseille, il s’est montré rigoureux et sûr dans la réalisation des portés, ce qui n’allait pas de soi compte-tenu des conditions difficiles évoquées plus haut, peu propices aux équilibres stables et aux réceptions nettes.

On pourra quand même s’interroger quant au choix du Lac des cygnes pour évoquer la danse à Saint-Pétersbourg, puisqu’il s’agit de l’un des rares grands ballets du répertoire romantique russe qui fut créé au Bolchoï, à Moscou, et non au Marjinsky (qui lui fit tout de même l’honneur d’une reprise tardive en 1895, 22 ans après la première représentation)… Les organisateurs du spectacle auraient pu faire montre ici d’un peu plus de culture chorégraphique. Dommage.

 

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